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SuisseLes prix du cannabis légal s'effondrent

La production de cannabis n'est pas de tout repos.

La Suisse connaît un raz-de-marée vert, celui du cannabis légal ou cannabidiol (CBD), dont le taux de l'agent psychotrope THC est inférieur à 1%. Alors qu'il n'y avait que cinq producteurs enregistrés en janvier, ils sont 410 en novembre, explique le Tages-Anzeiger dans son édition du 27 novembre.

L'administration fédérale des douanes, chargée de percevoir l'impôt sur le tabac et donc du CBD, anticipe pour 2017 un chiffre d'affaires de 60 millions de francs pour la branche. Si ses prévisions sont avérées, elle en récoltera 15 millions, alors qu'elle n'avait rien vu en 2016, le marché étant inexistant. Une bagatelle par rapport au cannabis traditionnel, qui rapporte environ 800 millions par an.

Le vent a tourné à l'automne

Le chanvre légal peut être commercialisé depuis 2011 mais c'est le succès de Bio Can AG avec ses premiers produits à base de CBD qui a lancé le mouvement en août 2016. «Nos avocats nous ont expliqué la situation, ils n'y croyaient pas. Nous avons été surpris de voir comment tout se déroulait facilement», se rappelle le directeur des finances Hans Peter Kunz.

Ce succès a aiguisé les appétits et les concurrents se sont rués sur le marché. Les chiffres de vente et de production se sont envolés mais depuis l'automne, le vent a tourné. «La demande a cessé de progresser. C'était surtout le fait de curieux qui voulaient essayer le CBD», explique Marco Ravaioli, qui a lancé un commerce en ligne de vente de cannabis légal.

Des coûts très élevés

Les prix ont donc chuté, passant de 5 francs le gramme à 2,50, voire 2 francs. L'heure des pionniers et des amateurs semble donc terminée. Car la production de chanvre nécessite de gros moyens et de nombreuses heures de travail. Les plants sous toit nécessitent des lampes à chaleur et une aération permanente, ce qui fait exploser les coûts en électricité.

Quant aux cultures à l'air libre, elles sont souvent la proie de voleurs au moment de la récolte. Ce qui pousse les producteurs à surveiller leurs plantations jour et nuit durant des semaines. Ce qui n'est pas gratuit non plus. Il arrive également que le cannabis présente un taux de THC supérieur à 1% et il faut donc détruire la récolte. Sans compter les maladies.

Seuls quelques uns survivront

Pour Marco Ravaioli, «seules les plus grands producteurs survivront et à condition qu'ils n'utilisent pas de pesticide». Hans Peter Kunz estime que l'heure des marques a sonné. Les consommateurs ont essayé, «mais maintenant ils veulent des produits qu'ils connaissent et auxquels ils peuvent faire confiance.»

Les producteurs suisses lorgnent désormais l'Europe, espérant que les pays du Vieux-Continent relèvent le taux légal de THC. Une premier pas que l'Italie a franchi récemment, à la plus grande satisfaction du secteur en Suisse qui estime avoir une longueur d'avance en raison de son expérience.

La politique s'en mêle

Les milieux politiques n'ont toutefois pas dit leur dernier mot. Des partis craignent que le succès du CBD ne soit le premier pas à une légalisation complète. Ils estiment également que ces cigarettes rendent les jeunes accros à la fumée et que les douanes ou la police ont trop de peine à différencier le cannabis légal avec celui dont le seuil de THC dépasse le seuil de 1%.

«Nous étudions comment tout arrêter», a expliqué la conseillère nationale Verena Herzog (UDC/TG), et présidente de l'association «Jeunesse sans drogues». Mais le conseil fédéral n'a pas l'intention de le faire, comme il l'a déjà écrit. Les autorités suivent toutefois de près les aspects sanitaires du boom du CBD.