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Cannabis : que risquera-t-on demain pour avoir fumé un joint ?

Alors que des amendes pour simple usage d’herbe ou de résine sont à l’étude, un think tank a analysé l’impact concret de trois scénarios

Par  et

Publié le 18 novembre 2017 à 06h42, modifié le 18 novembre 2017 à 18h40

Temps de Lecture 3 min.

Que risquera-t-on demain pour avoir fumĂ© un joint ou avoir Ă©tĂ© interpellĂ© avec quelques grammes de cannabis dans la poche ? Pendant la campagne prĂ©sidentielle, Emmanuel Macron s’était engagĂ© Ă  rĂ©former la politique pĂ©nale pour sanctionner la consommation de stupĂ©fiants par une simple amende. Une rĂ©forme dont le but est d’allĂ©ger le travail des forces de l’ordre et de dĂ©sengorger la justice, face Ă  un contentieux de masse qui, dans les faits, se solde majoritairement par des rappels Ă  la loi.

Si beaucoup y avaient vu une promesse de dĂ©pĂ©nalisation de l’usage de stupĂ©fiants, aujourd’hui thĂ©oriquement passible d’un an de prison et de 3 750 euros d’amende, c’est une rĂ©forme plus limitĂ©e qui a aujourd’hui les faveurs du gouvernement. Celui-ci veut proposer un système d’amende forfaitaire tout en maintenant le dĂ©lit pĂ©nal d’usage, afin de prĂ©server les pouvoirs de coercition qui lui sont associĂ©s, comme le placement en garde Ă  vue.

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Une mission d’information parlementaire a mené des auditions cet automne sur la base de ce scénario et remettra ses conclusions début décembre. Un projet de loi devrait voir le jour au premier semestre 2018. Il s’inscrira dans un chantier plus global de simplification de la procédure pénale, au travers duquel d’autres contentieux de masse, comme le vol à l’étalage ou la vente à la sauvette, pourraient être également sanctionnés par une amende.

Sous l’égide du Jour d’après, un think tank bipartisan revendiquant un « soutien constructif Â» au chef de l’Etat, plusieurs spĂ©cialistes de la question des drogues veulent encore croire qu’une rĂ©forme plus ambitieuse de la loi de 1970 sur les stupĂ©fiants est possible. « La rĂ©forme vers laquelle on s’achemine serait un retour en arrière par rapport Ă  la promesse d’Emmanuel Macron Â», estime ainsi l’économiste Romain Perez.

Plaidant pour la mise en place de contraventions et la dépénalisation du simple usage, ces experts, parmi lesquels figurent Danièle Jourdain-Menninger, l’ancienne présidente de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, Jean-Michel Costes, l’ex-président de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, ou Thierry Clair, l’un des secrétaires nationaux du syndicat UNSA-Police, se sont livrés, dans un document que s’est procuré Le Monde, à une étude d’impact de trois différents scénarios.

  • La « forfaitisation dĂ©lictuelle Â»

C’est la rĂ©forme dĂ©fendue par le ministère de l’intĂ©rieur. Gendarmes et policiers pourraient infliger aux consommateurs de plus de 18 ans une « amende forfaitaire Â». L’étude est partie sur la base d’une amende de 320 euros. Lorsqu’elles le souhaiteraient, les forces de l’ordre auraient toujours la possibilitĂ© de recourir Ă  la procĂ©dure pĂ©nale actuelle, qui prĂ©voit notamment le placement en garde Ă  vue d’usagers. Cela leur permettrait par exemple de faire « tomber les rĂ©seaux de vente Â» en demandant aux consommateurs de fournir des informations lors de leur audition.

Une telle rĂ©forme « aura des effets incertains, liĂ©s Ă  l’interprĂ©tation que feront la police et la gendarmerie de la loi Â», juge le think tank. L’allĂ©gement de la procĂ©dure permettrait toutefois de baisser le nombre d’heures consacrĂ©es aux interpellations de près de moitiĂ© (– 53 %). Le revenu des amendes (53 millions d’euros) serait pratiquement compensĂ© par le coĂ»t de leur recouvrement (50 millions d’euros). Au final, la mesure gĂ©nĂ©rerait des Ă©conomies d’environ 226 millions d’euros.

  • La contraventionnalisation « partielle Â»

Une contravention de 320 euros sanctionnerait le seul premier usage de stupĂ©fiant. Mais, en cas de rĂ©cidive, la procĂ©dure pĂ©nale classique serait automatiquement dĂ©clenchĂ©e. Les Ă©conomies gĂ©nĂ©rĂ©es seraient du mĂŞme ordre qu’avec la « forfaitisation dĂ©lictuelle Â», soit 226 millions d’euros.

  • La contraventionnalisation « rĂ©elle Â»

Dans ce scĂ©nario, les simples consommateurs de cannabis (en possession de moins de 10 grammes d’herbe ou de rĂ©sine) s’exposeraient, y compris en cas de rĂ©cidive, Ă  une contravention de 100 euros. La somme serait ramenĂ©e Ă  33 euros en cas de suivi d’un parcours « informations, prĂ©vention et soins Â».

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C’est le scĂ©nario dĂ©fendu par Le Jour d’après, le seul en mesure, selon lui, de mettre fin Ă  la « complexitĂ© Â» et Ă  l’« illisibilitĂ© Â» de l’actuelle lĂ©gislation. « L’usager n’est plus considĂ©rĂ© comme un dĂ©linquant par principe, et son infraction ne ferait l’objet d’aucune inscription au casier judiciaire Â», prĂ©cise-t-il.

Cette rĂ©forme entraĂ®nerait une baisse de 76 % du temps consacrĂ© par les forces de l’ordre Ă  l’interpellation des usagers et libĂ©rerait « la totalitĂ© de ressources judiciaires Â» consacrĂ©es Ă  ce type de procĂ©dure. La dĂ©tention de stupĂ©fiants, par exemple au-delĂ  d’un seuil de 5 grammes, resterait un dĂ©lit et permettrait de conserver le pouvoir de placement en garde Ă  vue. L’économie gĂ©nĂ©rĂ©e serait de 380 millions d’euros, qui pourraient ainsi ĂŞtre allouĂ©s Ă  une politique de prĂ©vention plus ambitieuse.

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